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    maginons que vous êtes élu le 6 mai. Comment formez-vous votre premier gouvernement ?

    Depuis des années, j'ai observé la dégradation de la vie politique française et les signes multiples de l'affaiblissement de notre pays. J'en suis arrivé à la conclusion que son redressement passe par un électrochoc : il faut une union nationale pour donner à tous les Français la certitude qu'on va poser les vraies questions et y apporter des réponses non-partisanes.

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    C'est pourquoi, élu président de la République, investi d'un mandat clair par les Français, je formerai un gouvernement composé de femmes et d'hommes compétents, d'accord sur les grands choix, et représentatifs des grandes sensibilités démocratiques du pays.

    Mais le PS et l'UMP ne sont pas prêts à s'engager dans cette démarche.

    Mesurez ce que sera la force et l'écho de la décision des Français, dans notre pays et à l'extérieur, s'ils élisent un président porteur de cette idée... Si les appareils refusaient d'entendre ce message, ils seraient rejetés aux élections législatives.

    En Allemagne, il y a quelques mois, la CDU et le SPD disaient qu'ils n'accepteraient jamais de gouverner ensemble. Il se trouve que le peuple allemand leur a donné mandat, avec le vote aux législatives, de travailler ensemble. Et ils l'ont fait.

    Vous pariez sur un éclatement du PS et de l'UMP ?

    Non. Ils prendront leurs responsabilités. La nouveauté de la proposition politique qui est la mienne est qu'elle invite à voir ce qui rassemble et non ce qui sépare artificiellement.

    Donc on va aux élections, au scrutin majoritaire, avec des candidats "majorité présidentielle"...

    Elu président de la République, investi de la confiance des Français et porteur de ce mandat du peuple, je nomme un gouvernement de rassemblement. Ce gouvernement accordera un label dans chaque circonscription aux candidats qui le soutiendront. La nouvelle majorité présidentielle sera présente dans chaque circonscription du pays. Et les Français la choisiront.

    Cela vous amènera-t-il à créer un nouveau parti ?

    Oui, je crois que ce sera une nécessité. Pour porter ce nouvel espoir et cette grande responsabilité, l'UDF dans sa forme actuelle ne suffira pas. Il faudra un grand parti démocrate pour la France.

    En 1988, après l'élection de François Mitterrand, les candidats de la majorité présidentielle avaient perdu plus d'un million de voix par rapport à ce qu'il avait obtenu au premier tour. La vague n'est pas automatique.

    Vous verrez le contraire. La vague dépassera de beaucoup l'élection présidentielle. Les Français ont entre les mains une arme à plusieurs coups : un nouveau président, un nouveau gouvernement, une nouvelle majorité. En 1988, Mitterrand a manqué à son engagement : il se fait élire sur "la France unie" et, aussitôt après, il referme cet engagement en se contentant de quelques débauchages. Les Français n'ont pas aimé cette attitude, et je les comprends. Je suis contre les manœuvres, je suis pour les rassemblements assumés devant le pays.

    Et vous changez le mode de scrutin ?

    Parmi les premiers grands chapitres du redressement, il y a les institutions. Le président de la République assume ses responsabilités, mais le gouvernement ne pratique plus le passage en force. Le 49-3, les ordonnances, n'entrent plus dans le cadre des rapports entre le gouvernement et le Parlement.

    On met en place une loi électorale juste : 50 % des sièges au scrutin majoritaire de circonscription, 50 % à la proportionnelle, avec une barre à 5 % des suffrages. On garde ainsi une dynamique majoritaire tout en répondant à l'impératif d'une représentation équilibrée des territoires et des opinions.

    Donc le Front national rentre au Parlement ?

    Oui, il rentre au Parlement si les électeurs le veulent. Ainsi les confrontations auront lieu à visage découvert. Et l'extrême gauche rentre au Parlement, si les électeurs en décident ainsi. On a besoin d'un Parlement qui représente la France dans sa diversité.

    Parmi les chantiers prioritaires, vous mettez l'éducation nationale. Vous voulez discuter avec les syndicats. Mais aurez-vous le courage de réformer ?

    Réformer, le mot n'est pas suffisant. Ce qu'il faut, c'est refonder. Je ne partage pas la vision de ceux qui présentent le travail à conduire avec l'éducation nationale comme une mise au pas, avec des coupes claires ou sombres à tous les étages ! Je veux que l'on revienne à l'égalité scolaire, c'est-à-dire à de bonnes conditions d'étude et à l'excellence partout. Y compris dans le collège de banlieue ou dans le monde rural profond.

    Je connais les personnels de l'éducation nationale, et il se trouve que je les estime. Je passerai un contrat avec eux. Je garantis les moyens, j'arrête la chasse perpétuelle aux postes, d'ailleurs infructueuse. Avec ces moyens garantis, on va augmenter l'exigence de résultats. On va s'obséder de cette idée qu'il n'y aura plus de collèges de seconde zone, plus de collèges ghettos.

    Je me fixe l'objectif que l'école publique soit réhabilitée et que la discipline revienne dans les établissements. Cela veut dire : être capable d'identifier les quinze ou vingt enfants déstabilisés qui déstabilisent la vie scolaire et de leur donner une pédagogie adaptée, avec des éducateurs, avec des psychologues, pour leur permettre de retrouver des repères. En les sortant de l'établissement, mais sous sa responsabilité.

    Quand j'ai défini ce concept, en 1995, j'avais appelé cela le collège hors les murs. Malheureusement, l'idée a été abandonnée par mes successeurs.

    Où réalisez-vous des économies et comment engagez-vous la réforme de l'Etat ?

    Je me fixe l'objectif que, en trois ans, la dette soit stabilisée en valeur absolue. Avec une croissance annuelle de 2 %, les rentrées fiscales, à prélèvements égaux, augmentent d'environ 14 milliards d'euros par an. Je propose d'en affecter automatiquement la moitié, 7 milliards, à la baisse du déficit. Cela fait 21 milliards en trois ans. C'est le montant nécessaire pour stopper la croissance de la dette.

    Pour arriver à faire des économies, il faut engager une conférence avec les collectivités territoriales, parce qu'elles sont une partie du déficit du pays. Je proposerai le principe de la compétence négative, en arrêtant les compétences croisées. C'est-à-dire qu'une collectivité et une seule s'occupe d'un secteur.

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    Je veux fondre en une seule collectivité les départements et les régions : même administration, administrée par les mêmes élus désignés selon le même principe d'équité : moitié au scrutin de circonscription, moitié à la proportionnelle, de manière que soient représentés les territoires et les opinions.

    Pour couronner le tout, j'inscrirai dans la Constitution l'interdiction de présenter un budget en déficit de fonctionnement. On ne peut pas baisser les prélèvements obligatoires tant qu'on n'a pas retrouvé l'équilibre de nos finances publiques.

    En vous inscrivant dans le cadre de ces grandes contraintes, notamment en matière de fiscalité et de prélèvements obligatoires, comment pensez-vous parvenir à rééquilibrer le partage des richesses ?

    Cela ne peut pas se faire par la loi, cela ne peut se faire que de manière incitative. Je proposerai une mesure incitative forte pour que les entreprises soient amenées à partager leurs bénéfices à la fin de l'année avec leurs salariés. C'est plus que la participation, parce que la participation est bloquée pendant cinq ans.

    Il faut que cet intéressement puisse être liquide et que l'entreprise trouve un avantage à partager ses bénéfices avec ses salariés. Cela se discutera avec les organisations représentant les entreprises.

    J'appartiens à cette école de pensée qui pense que la bonne répartition, c'est : un tiers pour le capital, un tiers pour l'investissement et un tiers pour les salariés. En vingt ans, on a assisté à une dérive de huit points vers le capital.

    En quoi consiste votre idée d'une Europe à deux cercles ?

    Il y a deux projets européens en concurrence. Le projet qui veut une Europe la plus large possible, dont l'objectif est de faire un marché commun avec des règles juridiques communes. Notre projet est plus exigeant : il est de regrouper nos forces pour agir ensemble sur le destin du monde, pour défendre des valeurs et un projet de société.

    Dans l'état actuel des choses, ces deux projets coexisteront, pendant longtemps. On a ainsi un des schémas politiques de l'avenir de l'Europe. L'Europe active doit être ouverte, elle doit pouvoir être rejointe. Son socle, ce sont les fondateurs et la zone euro.

    Les pays qui considèrent que commerce et règles juridiques suffisent formeront le deuxième cercle, qui peut également s'élargir, par exemple au bassin méditerranéen, à l'Ukraine...

    Etes-vous prêt à accepter l'entrée de la Turquie, à laquelle vous étiez opposé ?

    J'ai largement exprimé mon point de vue. Puis il y a eu l'ouverture des négociations. Et à cette ouverture des négociations, j'ai dit : la chaise de la France ne restera pas vide. Beaucoup de gens, en Turquie même, réfléchissent à l'inadéquation de l'adhésion pure et simple à l'Union européenne.

    Il faut poursuivre cette réflexion avec les gouvernements turcs. C'est une affaire qui bougera. L'ouverture des négociations est une décision qui a été prise et sur laquelle je ne reviendrai pas. Il y a une continuité de l'Etat.

    Envisagez-vous de rediscuter avec les partenaires européens sur le droit de veto et la présence permanente de la France au Conseil de sécurité des Nations unies ?

    Nous avons la chance d'être au Conseil de sécurité des Nations unies. Je considère que nous y sommes en notre nom et que nous représentons aussi une part de l'Union européenne. C'est une chance pour l'Union européenne d'avoir deux membres permanents aux Nations unies.

    Mais je ne pense pas qu'on puisse envisager l'édification de l'Europe par un amoindrissement de la France. Je crois que la voix de la France, pour être entendue, doit avoir cette chambre d'écho européenne.

    Par exemple, sur l'Irak ?

    La France a bien fait de dire ce qu'elle a dit. J'ai dit à cette époque à quel point je soutenais la position de Jacques Chirac. Et je peux vous dire que les pressions n'ont pas manqué pour que je fasse un autre choix. Je n'ai qu'une seule nuance avec lui : je suis persuadé que si on avait eu une expression forte du président de la République française dans le cadre d'un Conseil européen, celle-ci aurait eu un écho extraordinaire dans les autres pays européens.

    Etes-vous favorable à un nouveau référendum sur l'Europe ?

    Je ne laisserai pas se creuser le fossé entre les Français et l'Europe. Ils ont voté non, et je n'éluderai pas le débat avec eux. La position de Nicolas Sarkozy, qui veut court-circuiter le vote des Français et faire voter un minitraité par le Parlement, dès le mois de juillet, est d'une part totalement irréaliste et d'autre part dangereuse car elle risque de couper les Français un peu plus de l'idée européenne.

    Propos recueillis par Caroline Monnot, Arnaud Leparmentier et Patrick Roger


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  • François Bayrou favorable à une politique économique européenne

    "Depuis très longtemps, nous avons exprimé l'idée qu'il y a des problèmes impossibles à régler si nous n'avons pas une Union européenne vivante et capable de s'exprimer d'une seule voix", a déclaré François Bayrou à l'issue de son entrevue avec le Premier ministre du Luxembourg et président de l'euro-groupe, Jean-Claude Juncker. Le candidat à l'élection présidentielle pense notamment que "l'édification d'une action économique des pays qui ont l'euro en partage", fait partie des "urgences". François Bayrou a également réaffirmé à cette occasion, qu'il souhaitait soumettre à référendum en France un nouveau texte constitutionnel "clair, lisible, et rassurant pour les citoyens" qui avaient craint "qu'on leur impose un projet de société qui n'était pas le leur", et "qu'on leur enlève leur identité". Enfin, François Bayrou est convaincu que l'Union européenne "peut servir d'exemple partout sur la planète : ma conviction est qu'il y aura un jour une Union sud-américaine, une union africaine".


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  • Suivez les coulisses de la campagne de François Bayrou dans l'émission de France 2, "Envoyé spécial", jeudi soir, à 20.55

    François Bayrou, au nom du père Portrait d'Emilie Lançon, Frédéric Bazille et Isabelle Tartakovski. François Bayrou sera-t-il le troisième homme de l'élection présidentielle ? Ce n'est pas la première fois qu'il est candidat, mais ceux qui le connaissent disent qu'il a mûri, qu'il est enfin lui-même. Les Français le découvrent cette fois en rebelle, tapant une fois sur la droite, une fois sur la gauche, fustigeant les médias et se faisant l'avocat des faibles et des petits contre les puissants. Alors, posture politique ou conviction véritable ? Une équipe d'Envoyé Spécial a suivi l'homme pendant plusieurs semaines pour tenter de comprendre le sens de son engagement et les racines de sa personnalité. C'est un enfant chétif et un élève doué - il a un an d'avance - qui va vaincre son bégaiement grâce au théâtre. Il partage son enfance entre les travaux des champs et les livres qu'il dévore. A 23 ans, il perd son père, mort accidentellement en tombant d'une charrette de foin. Ce drame a structuré sa personnalité et sans doute aussi son engagement politique. De là, dit-il, lui vient son envie de défendre "les faibles", ceux qui comme son père ou les gens de son village de Bordères dans les Pyrénées, n'ont jamais voix au chapitre. Un portrait intimiste pour mieux connaître un homme qui pourrait créer la surprise en avril prochain. Droits de copie : France 2.


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  • François Bayrou était l'invité de TF1, dans le cadre de l'émission "J'ai une question à vous poser". L'émission, empreinte d'une grande dignité et de grande hauteur, a permis au candidat à la présidence de la République de présenter ses mesures, la manière qu'il aura de conduire la Nation, de former un gouvernement d'ouverture et de rassemblement. La solennité, la gravité du moment ont marqué cette heure et demie d'émission consacrée à l'un des prétendants à la magistrature suprême. Pour preuve, cet hommage qu'il a rendu en introduction, aux trois Français assassinés en Arabie saoudite.

    En revenant à l'épisode de la gifle il y a cinq ans, le candidat à l'élection présidentielle insiste sur la part de travail que les adultes doivent prendre dans l'éducation de leurs enfants. La fermeté, qui n'exclut pas l'amour ni la prévention. Il souhaite garantir à tous les enfants qui entrent en sixième le droit d'être suffisamment armés pour affronter le collège. Ils devront savoir lire, écrire et compter. "Ce serait de la non-assistance à enfance en danger, assure-t-il, que de les laisser errer sans ces acquis." Certains enfants, qui éprouveraient plus de difficultés, pourront bénéficier d'aides, et pourquoi pas psychologiques lorsque la situation l'exige. Ces dispositifs seront mis en place partout. Dans les campagnes, dans les banlieues, dans les villes. Personne ne doit être laissé sur le bord de la route.

    Y compris les jeunes issus de l'immigration. François Bayrou se dit contre toutes les discriminations. Notamment la discrimination positive. Il estime que cela ne peut pas fonctionner en France. Cela implique des règles à édicter. Par exemple l'imposition du curriculum-vitae anonyme. Il remarque, dans ses rencontres avec des jeunes hommes et jeunes femmes qui ont réussi, que la barrière de l'entretien physique fait tomber toutes les réticences de l'employeur. Les différences s'estompent, selon François Bayrou. Ce n'est pas ce que la République devrait souhaiter, mais le principe de réalité prévaut parfois. Nous sommes une Nation. Ce que souhaite François Bayrou, c'est préserver le modèle républicain, en panne aujourd'hui. Pour cela, il devra prendre des mesures comme donner sa chance à chacun. Quelque soit le lycée où l'on étudie, un quota de places dans les grandes écoles devra être institué. Partout sur le territoire de la République. Cela concerne les études. Pour les entreprises, préserver le modèle républicain, c'est garantir à un étudiant diplômé qu'au bout d'un certain temps, il pourra bénéficier d'un emploi-formation qui puisse lui donenr une première chance.

    Des chances justement, les syndicats dans l'Education nationale en sont. François Bayrou insiste sur ce point. Même s'il est conscient de l'impopularité que cela pourrait engendrer. Il rappelle qu'il fut ministre pendant quatre années en charge de ce secteur. Tout ce que cette période recèle de bonnes réformes est encore en place aujourd'hui. Le bac L, S, etc, les stages en entreprises furent des mesures que son ministère prit en co-responsabilité avec les syndicats qui sont des organes nécessaires dans une administration qui comprend plus d'un million de personnes.  "Dans ce secteur, rappelle-t-il, il ne faut jamais présenter une avancée comme une victoire."  Les décisions finales appartiennent toujours au ministre, mais elles sont accompagnées de l'accord des différentes parties.

    François Bayrou est contre la "chasse au poste." Il veut se montrer en rupture avec la politique actuelle de réduction du nombre des enseignants. L'éducation est la question la plus cruciale de l'avenir. Face à la mondialisation, nous devons, selon l'ancien ministre, devenir plus forts que les autres en sciences, en recherche fondamentale, en développement. Nous nous devons de lui garantir les moyens dont elle doit disposer pour assurer sa mission de service public. Pendant au moins cinq années. Malgré la dette qui pèse sur tous. "Nous devons, affirme-t-il, écrire avec l'Assemblée nationale les objectifs à atteindre, car les moyens doivent être balancés par ces objectifs." François Bayrou veut éradiquer l'illetrisme. Aujourd'hui, vingt pour cent des enfants qui entrent en sixième sont pratiquement illétrés. "Je veux réduire ce taux à zéro." assène-t-il. Cela devra prendre au moins trois années pour améliorer les conditions d'enseignement, et trois autres années pour parvenir à ce but. En ce qui concerne les professeurs qui enseignent deux matières, ils seront récompensés par une prime, sur la base du volontariat.

    Dans La décénnie des Mal-Appris, François Bayrou avait déjà dénoncé tous ces changements de méthodes d'apprentissage de la lecture, au début des années quatre-vingt dix. Mais il estime que ce n'est pas à un ministre de dire à un professeur comment enseigner à ses élèves. Il part du principe que chacun peut choisir sa méthode, pourvu qu'elle réussisse. Il propose que des expérimentations soient faites. On voit ce qui fonctionne. Le temps n'est plus où les ministres claquaient des doigts pour que tout change.

    En matière plus politique, François Bayrou précise qu'il est favorable à l'émergence des compétence. La parade des élephants n'est pas ce qui l'amuse. Depuis vingt ans, il observe les manières de chacun. La guerre perpétuelle entre ce que fut l'UMP et le PS. Les embuscades que se tendent les uns qui sont pour et les autres qui sont contre. Il a vu la France peu à peu décliner. Il a vu la France peu à peu s'appauvrir. Les Français plonger dans le malheur. Il a décidé d'essayer d'analyser les causes de cet état de fait. L'UMP, le PS, il lui fut impossible de parvenir à une autre conclusion qu'il fallait changer. Choisir une autre manière de faire de la politique. Pour la première fois dans la V° République, il est monté à la tribune de l'Assemblée nationale et a voté en faveur d'une motion de censure au Gouvernement dont il fut pourtant l'allié quelques années auparavant. Il rappelle que de nombreuses fois, il aurait pu choisir le confort des lambris ministériels, des voitures avec chauffeur, le pouvoir pour le pouvoir.  Il a refusé pour se fixer une ligne de conduite : "Je donnerai la possibilité à des gens qui sont d'accord avec moi, de quelque camp qu'ils soient, de travailler dans mon gouvernement, si je suis élu président de la République." annonce-t-il. Il veut rassembler les Français au lieu de les diviser.

    L'évidence veut que, s'il y a désaccord sur les questions essentielles, il ne pourra y avoir de rassemblement des forces, le rassemblement qui est affaire de volontés. En 1946, en 1958, le Général de Gaulle imposa aux partis de céder devant la logique de la réunion des forces vives de la Nation plutôt que d'obéïr à la seule logique des partis politiques. Ces querelles perpétuelles minent le pays. La dette qui se creuse, plus personne ne s'en soucie. Aujourd'hui, environ vingt-cinq pour cent iraient vers le PS et la même chose vers l'UMP. "Croit-on réellement, demande François Bayrou, que c'est avec une si faible assise que l'on peut mener un pays vers la voie de la rédemption ?" Il raconte cet épisode de sa vie politique : au lendemain du 21 avril 2002, il rencontre le Président de la république. Il le prévient qu'il sera élu avec plus de quatre-vingt pour cent des voix. En majorité des personnes de gauche, lui précise-t-il, voteront pour lui. Il lui demande instamment de créer un gouvernement d'ouverture. Jacques Chirac refuse et formera l'UMP, le parti unique, auquel s'opposera dès lors fermement François Bayrou.

    Il reproche cette aventure de l'UMP notamment en regard de la dette incroyable qui pèse sur les épaules des Français, de leurs enfants, de leurs petits-enfants. François Bayrou, pour réduire cette dette, souhaite travailler avec des gens qui sont de tout bord politique. Dès le début de sa campagne électorale, il a fait serment de ne jamais apparaître devant une assemblée publique sans parler de la dette. Une dette trop lourde, qui représente plus de mille deux cents milliards d'euros. Sans compter les cinq ou six cents milliards d'euros de l'assurance-maladie. Cent mille euros par famille, affirme-t-il. Le prix d'une petite maison. Il propose quelques axes pour la réduire drastiquement :

    Revenir en trois ans à une dette qui n'augmente plus

    Revenir en six ans à un équilibre budgétaire

    Inscrire dans la constitution l'interdiction pour tout gouvernement de proposer devant l'Assemblée nationale et le Sénat un budget de fonctionnement en déficit (sauf de grands investissements comme des écoles, des universités, des hôpitaux, des ensembles qui dureront sur plusieurs générations.)

    Ouvrir des discussions avec les collectivités locales pour voir où l'on peut réduire les coûts de fonctionnement

    Faire de l'Etat un exemple en matière d'économies. Ce sont dans les ministères où la décentralisation fut la plus forte qu'on a embauché le plus de fonctionnaires.

    Enfin réduire symboliquement le budget de l'Elysée de vingt pour cent.

    On lui a demandé, dans le cadre de discussions informelles sur le gouvernement qui pourrait mener cette politique, s'il pourrait nommer un premier ministre de gauche. La réponse fut "oui !" Il s'affirme contre l'Etat-PS, contre l'Etat-UMP. François Bayrou souhaite construire un Etat impartial et modeste. Dans lequel tout le monde, à partir du moment où chacun accepte les règles du jeu édictées au départ, est le ou la bienvenus.

    A propos de la régularisation des sans-papiers, François Bayrou se dit en faveur d'un regard au cas pour cas, pour chaque famille. En fonction des efforts qu'elle aura fait pour s'intégrer. Mais il n'y aura en tout état de cause, pas de régularisation massive. Cette question sera évidemment débattue par le gouvernement formé, qui ira présenter sa politique devant l'Assemblée nationale. En ce qui concerne les élections législatives, il n'y aura pas de négociations de couloirs, pas de retour à la VI° République. Il énonce les différentes étapes institutionnelles qui sont les suivantes : le 6 mai, le président est élu. Il est investi officiellement le 17. Le président de la République nouveau entre alors en fonction. Il nomme un gouvernement élargi. Le 9 juin, les législatives seront l'occasion pour les Français de donner au président la majorité indispensable pour mener à bien sa politique. Ils voteront pour les hommes et les femmes qui se présenteront sous la bannière de la majorité présidentielle. "Cela nous permettra effectivement, estime François Bayrou, de mener une politique vigoureuse, où nous serons capables de prendre des mesures parfois impopulaires, mais dont les Français jugeront dans leur grande sagesse qu'elles sont indipensables pour leurs enfants, pour leurs petits-enfants."

    François Bayrou répète qu'il n'a jamais cherché le confort. S'il l'avait voulu, il aurait pu accepter divers postes ministériels prestigieux. Mais cela aurait signifié renoncer à ce qu'il croyait de plus important pour la France. "Je ne croyais plus à tout cela, avoue-t-il. J'ai vu les limites de ce système. Je me suis juré alors de sortir mon pays de la désespérance où il se trouvait." Depuis 1981, poursuit-il, la dette a augmenté de six cent pour cent. Nous devrons établir avec les Français un rapport de confiance qui demandera du courage de la part de tous ceux et toutes celles qui prendront leurs responsabilités en l'accompagnant dans cette lourde tâche. François Bayrou, dans cette optique, demande solennellement aux candidats PS et UMP de cesser de promettre à tout-va. Alors que personne n'a le premier centime pour financer. Les campagnes électorales, selon le député des Pyrénées-Atlantiques, ne se gagnent plus avec des baguettes magiques et des pochettes-surprises.

    C'est ainsi que pour redonner confiance à un pays en perte de vitesse, et qui dispose pourtant d'atouts extraordinaires, François Bayrou propose deux emplois sans charge pendant cinq années pleines quelque soit la taille de l'entreprise. Les artisans, les commerçants, les petites et moyennes entreprises n'auront ainsi qu'à supporter uniquement le salaire sur ces emplois nouvellement créés.  On retiendra quand même dix pour cent de charge pour financer les retraites.  Il y a en France deux millions et demi d'entreprises qui comptent moins de dix salariés. Cela pourrait constituer pour ce tissu économique une bouffée d'air frais extraordinaire. Il veut imposer aux grandes entreprises une limitation du nombre des emplois à temps partiel. Les abus observés sont trop nombreux. Il est temps d'y remédier, selon lui. François Bayrou veut également assouplir les trente-cinq heures. Notamment en rémunérant à trente-cinq pour cent au lieu de dix actuellement les heures supplémentaires. Pour ceux qui le souhaitent. Chacune de ces mesures doit être prise sur la base du volontariat, des personnes ayant adapté depuis quelques années leur mode de vie sur ces nouveaux horaires, pour qui il serait difficile de revenir dessus. Cette mesure ne coûterait rien, ni à l'employé, ni à l'employeur.

    Ces décisions seront prises en concertation avec chaque membre du gouvernement, qui aura dû dire son accord avec les axes généraux prônés par le nouveau président de la République, François Bayrou. Par ailleurs, il estime inacceptable l'absentéïsme des députés français. Dans les réformes institutionnelles annoncées, il est notamment stipulé qu'un député absent aura l'interdiction de pouvoir voter, même par procuration. Quant au Parlement de Strasbourg, on ne sera pas payé lorsque l'on manquera un session du parlemen européen. En matière de politique européenne justement, François Bayrou se déclare hostile par principe à l'entrée de la Turquie dans l'espace européen. Il préfèrerait un partenariat privilégié. Quant à l'Europe elle-même, il propose que l'on instaure deux cercles concentriques. L'un regroupant des pays qui veulent commercer librement entre eux, l'autre plus restreint, qui accueillerait des pays qui veulent peser sur l'avenir du monde. En matière de défense commune, en matière de politique budgétaire, de politique agricole commune. L'Europe doit être une voix qui compte. Il proposera à l'horizon 2009 un nouveau traité constitutionnel plus lisible plus compréhensible par les citoyens. Et le soumettra à référendum.

    En matière de politique étrangère, les menaces sont multiples, rappelle François Bayrou. Il exprime durant l'émission de TF1 sa gratitude à Jacques Chirac pour sa position courageuse dans l'affaire irakienne. Les difficultés politiques furent nombreuses avec le présidentde la Républqiue. Mais sur ces grandes questions, il lui reconnaît une vision qu'il espère lui-même développer. Il estime qu'on a en Irak, libéré des démons bien difficiles à faire rentrer dans leur boîte. Ces questions du proche et du moyen Orient, estime-t-il sur un ton grave, sont lourdes. Les conflits internes à l'islam, par exemple. En Iran, les démocraties du monde doivent savoir se montrer solidaires face à l'arbitraire. Les nations du monde ont signé un Traité de non-prolifération nucléaire qui stipule que tout signatairepeut disposer du nuclaire à application civile (électricité, énergies diverses) et exclut toute utilisation militaire. « Nous devons utiliser tout l'arsenal diplomatique à notre disposition. Notre influence diplomatique. Des sanctions éventuellement. Et au maximum éviter le conflit armé. » admet François Bayrou qui s'alarme des bruits de botte provenant de Washington.

    Le Proche-Orient et l'Afrique sont voisins. Leur destin diverge. Le sort fait à l'Afrque est affreux. Il est illusoire, selon François Bayrou, de vouloir empêcher l'immigration. Les pauvres iront toujours chez les riches. Peu importe les barrières, les frontières, les murailles, les miradors. Ce dont l'Afrique a besoin, c'est de se développer. Il propose donc un plan Mashall tel que nous-mêmes, Européens, avons pu en bénéficier. Nous devons commercer équitablement avec l'Afrique. Changer nos comportements à son égard. Nous lui devons protection et soutien, en plus du respect qui lui était dénié jusque là. Nous avons à garantir aux Africains qu'ils pourront nourrir leur famille à leur faim chez eux, produire, s'équiper, et vendre afin de développer leur pays.

    François Bayrou conclut sur le difficile problème des Harkis dont il estime que le sort qui leur fut réservé est indigne de notre République. Il leur promet le respect de la Nation, la reconnaissance de leur existence et la juste récompense de leur fidélité à une patrie qui est aussi la nôtre, la France.


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  • Avant le "Grand Oral" de TF1, la percée : 18 % !

    18% ! A 18 %, les habitants du Nord-Pas-de-Calais donnent un fort crédit à François Bayrou. Dans une région qui aspire à retrouver son rang de grand territoire industriel. Le candidat à l'élection présidentielle y a commencé son tour de France, à Lille. On lui fait de plus en plus confiance. Deux sondages successifs permettent de mesurer cette percée avant l'émission de TF1 demain soir : tous les deux réalisés par l'institut BVA pour le grand quotidien régional, La Voix du Nord, les nordistes auraient voté à 14 % pour François Bayrou les 16 et 17 février. Quelques jours plus tard, les 21 et 22 février, c'est à 18 % qu'ils lui confient le destin de la France et de leur région ! Un gage d'espoir pour toutes les autres régions que François Bayrou a déjà visitées. Il continuera de les silloner, à la rencontre des Français. Pour convaincre de la nécessité d'un réel rassemblement des forces démocrates. Des résultats significatifs et importants, surtout à la fin de cette semaine où François Bayrou a dû affronter les premières attaques frontales. Ses adversaires le prennent désormais au sérieux. L'un de leurs principaux arguments repose sur une soit-disant base électorale de cadres supérieurs. Ce sondage de la Voix du Nord vient en total contrepoint, voire démentir absolument ces affirmations. Ils montrent que le candidat François Bayrou fait passer un message dans toutes les couches de la société, et notamment dans les régions qu'il se promet de relancer, élu président de la République.


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