• "Chacun peut être utile à la société" Pour François Bayrou, l’inactivité est source d’exclusion. Donner aux titulaires de minima sociaux l’occasion de se rendre utiles à la société, c’est faire le premier pas vers la réinsertion. "A tous ceux qui sont bénéficiaires de minima sociaux, je forme le voeu que l'on propose pas seulement un chèque mais une activité au service de l'intérêt général, dans une association, dans une collectivité locale - en dehors du secteur concurrentiel. Pour que chacun retrouve la certitude de son utilité, de sa compétence. On sait bien, en effet, quel mécanisme exclut - et cela va très vite - ceux qui perdent le contact avec le travail, et perdent en même temps la reconnaissance de ce qu'ils sont. L'une des clés est de rendre l'estime de soi, la reconnaissance dans le regard de l'autre, à ceux qui sont dans l'exclusion. Même dans cette pauvreté, nous trouverons autant de richesses que chez ceux qui "réussissent". L'activité universelle, c'est offrir à chacun de ceux qui sont bannis sa place dans la société que nous formons ensemble, c’est une idée de révolution civique. Je sais bien que c'est extrêmement ambitieux, mais c'est à la dimension d'un pays comme le nôtre. Tout le monde possède une compétence, un savoir-faire. Des informaticiens diplômés sont cantonnés au RMI ! Les familles de RMIstes de mon village, je les connais depuis l'enfance. Ils savent faire plein de choses. Chacun peut surveiller la sortie d'une école, veiller à la sécurité des enfants. Tout le monde peut conduire, s'il a le permis de conduire, aider des personnes pour faire leurs courses. Chacun peut jouer un rôle dans les aéroports, dans les gares ; les personnes âgées sont souvent désorientées dans ces grands ensembles. Il y a mille et une tâches que l'on peut assumer dans la société pour retrouver le sentiment de sa compétence. Cette activité permettra aussi aux titulaires de minima sociaux d'arrondir leurs fins de mois : les collectivités locales et associations auront les moyens de leur apporter une contrepartie, cumulable un certain temps avec le RMI."


  • « Garantir aux Africains qu'ils peuvent vivre convenablement en Afrique, de leur travail »


    Dans son discours de Lille du 14 décembre 2006, François Bayrou évoque l'Afrique comme l'un des quatre grands sujets de politique internationale qui devront exiger du courage de la part des gouvernants, avec le Proche et le Moyen-Orient, le climat et la biodiversité et, naturellement, l'idéal européen.


    « L'Afrique devrait être notre tourment. Pas seulement le tourment des plus généreux. Mais aussi le tourment des moins généreux. Ceux que l'immigration tracasse et tourmente, ceux qui voient sans cesse un risque de déstabilisation pour la Nation.


    En matière d'immigration, je ne crois pas aux murailles. Evidemment il faut prendre toutes les décisions du contrôle et de la régulation, conduire toutes les politiques de surveillance nécessaires. Il faut les prendre davantage encore au niveau européen qu'au niveau national.


    Mais depuis que le monde est monde, chaque fois que les plus pauvres campent aux portes des plus riches, chaque fois la même mécanique se met en route : les pauvres, à pied, à la nage, en payant des passeurs, en rampant s'il le faut, les pauvres s'en vont chez les riches pour y trouver la subsistance de leur pauvre vie.


    Tant que vous aurez les vingt pays les plus pauvres de la planète maintenus dans leur dénuement, à quelques centaines de kilomètres des dix pays les plus riches de la planète, vous aurez des vagues migratoires.

    Il n'y a qu'une politique juste et efficace de lutte contre l'immigration, que nous devrions imposer à la communauté internationale et à l'Europe : c'est de garantir aux Africains qu'ils peuvent vivre convenablement en Afrique, de leur travail, comme des hommes debout.

    C'est pourquoi la politique qui a été conduite, déversant sur l'Afrique des produits agricoles à prix bradés, artificiellement effondrés par des subventions américaines et européennes qui, par ailleurs, tendent à mettre nos agriculteurs européens et américains en situation de dépendance, ces politiques – il faut les appeler par leur nom - sont criminelles. Vous arrachez les paysans à leur terre, ils perdent en quelques mois dans des bidonvilles leurs repères, et leur savoir faire, et leur dignité d'hommes ! Cette politique est à la fois criminelle et suicidaire.

    Une politique sérieuse doit avoir un but : que les Africains se voient garantir qu'ils pourront eux-mêmes nourrir et équiper l'Afrique, avec aide et protection internationale, comme les Européens l'ont fait, après la Guerre, en recevant l'aide du plan Marshall et la protection du marché commun. »



    Lien(s):
    Discours au colloque "Réussir ensemble la nouvelle économie", 8-9 novembre 2006
    Discours de Lille, 14 décembre 2006
    Discours au colloque "Demain, l'agriculture et les territoires ruraux", 11 février 2006



  • « Je veux que la politique agricole soit à nouveau fondée sur les prix. »


    Une politique sans vision a conduit les agriculteurs dans le mur. Ce qui est en jeu aujourd'hui, c'est la définition d'une nouvelle politique agricole. Un modèle à inventer et faire partager, pour retrouver l'inspiration et la force de l'agriculture française et européenne.


    «  Cessons d'asphyxier les agriculteurs ! Cessons de leur intenter en permanence de faux procès !


    Chute du revenu, chute du nombre des exploitations, chute de l'image des agriculteurs dans l'opinion, chute de l'image de l'agriculture auprès des agriculteurs eux-mêmes, voilà la réalité.


    Les agriculteurs se vivaient comme des indépendants, des entrepreneurs, et comme les meilleurs et les plus proches amis de la nature. Ils ont subi, en quelques années, une double dévalorisation : passer du statut d'indépendants au statut de dépendants, en raison de l'obligation dans laquelle ils ont été mis de dépendre des aides publiques ; passer du statut de meilleur défenseur de la nature au statut de pollueur de l'environnement. Cette double accusation est une double injustice.


    Les "subventions" sont en réalité des compensations, destinées à offrir artificiellement aux consommateurs les prix de plus en plus bas pour les produits agricoles. D'autre part, les règles de l'agriculture raisonnée ont fait baisser considérablement, par exemple, l'utilisation d'engrais azotés et de produits phytosanitaires.


    Une organisation de la production agricole mondiale et la régulation de l'offre sans chute de prix paraissent désormais possibles : grâce aux biocarburants, à l'utilisation de la biomasse, à l'agrochimie. Bientôt, on pourra produire de l'énergie, renouvelable et peu polluante, à partir des productions végétales. Dans le même temps, à moyen terme, les besoins alimentaires de la population mondiale seront comblés.


    Ainsi peut être traitée, pour notre pays, pour l'Europe et pour la planète, la triple exigence d'une politique agricole : la sécurité des approvisionnements en produits sains, une conduite protectrice de l'environnement et le maintien d'un tissu dense d'agriculteurs.


    Sans attendre, des améliorations sensiblesà notre politique agricole sont possibles : défense de la diversité (filières multiples : grandes et petites exploitations, fermes biologiques et traditionnelles) ; gestion des risques agricoles ; organisation des professions pour améliorer les conditions de marché et équilibrer la puissance des centrales d'achat ; harmonisation et simplification des labels ; simplifications administratives et réglementaires ; clarification de la rémunération des fonctions non-productives de l'agriculture (préservation de l'écosystème, paysages).

    On peut, on doit aussi organiser un système mettant en « symétrie » le pollueur-payeur et le protecteur-indemnisé, renforcer la politique de soutien à la production de biocarburants, et fortement impulser les politiques de recherche française et européenne dans le domaine des biomatériaux, des biotechnologies, du génome. »



    Lien(s):
    Discours au colloque "Demain, l'agriculture et les territoires ruraux" 11 février 2006


  • « Je veux que la politique agricole soit à nouveau fondée sur les prix. »

    Une politique sans vision a conduit les agriculteurs dans le mur. Ce qui est en jeu aujourd’hui, c’est la définition d’une nouvelle politique agricole. Un modèle à inventer et faire partager, pour retrouver l’inspiration et la force de l’agriculture française et européenne.

    « Cessons d’asphyxier les agriculteurs ! Cessons de leur intenter en permanence de faux procès !

    Chute du revenu, chute du nombre des exploitations, chute de l’image des agriculteurs dans l’opinion, chute de l’image de l’agriculture auprès des agriculteurs eux-mêmes, voilà la réalité.

    Les agriculteurs se vivaient comme des indépendants, des entrepreneurs, et comme les meilleurs et les plus proches amis de la nature. Ils ont subi, en quelques années, une double dévalorisation : passer du statut d’indépendants au statut de dépendants, en raison de l’obligation dans laquelle ils ont été mis de dépendre des aides publiques ; passer du statut de meilleur défenseur de la nature au statut de pollueur de l’environnement. Cette double accusation est une double injustice.

    Les "subventions" sont en réalité des compensations, destinées à offrir artificiellement aux consommateurs les prix de plus en plus bas pour les produits agricoles. D’autre part, les règles de l’agriculture raisonnée ont fait baisser considérablement, par exemple, l’utilisation d’engrais azotés et de produits phytosanitaires.

    La voie d'avenir, c'est de défendre un grand marché d'agriculteurs avec des prix garantis aux paysans. Pour cela, il faut organiser les marchés en trouvant des débouchés, par exemple pour les céréales.

    Une organisation de la production agricole mondiale et la régulation de l’offre sans chute de prix paraissent désormais possibles : grâce aux biocarburants, à l’utilisation de la biomasse, à l’agrochimie. Bientôt, on pourra produire de l’énergie, renouvelable et peu polluante, à partir des productions végétales. Dans le même temps, à moyen terme, les besoins alimentaires de la population mondiale seront comblés.

    Il faut que la France s'engage en Europe pour la défense d'un tissu agricole dense, pour que notre pays redevienne un pays à identité agricole.

    Ainsi peut être traitée, pour notre pays, pour l’Europe et pour la planète, la triple exigence d’une politique agricole : la sécurité des approvisionnements en produits sains, une conduite protectrice de l’environnement et le maintien d’un tissu dense d’agriculteurs.

    Sans attendre, des améliorations sensiblesà notre politique agricole sont possibles : défense de la diversité (filières multiples : grandes et petites exploitations, fermes biologiques et traditionnelles) ; gestion des risques agricoles ; organisation des professions pour améliorer les conditions de marché et équilibrer la puissance des centrales d’achat ; harmonisation et simplification des labels ; simplifications administratives et réglementaires ; clarification de la rémunération des fonctions non-productives de l’agriculture (préservation de l’écosystème, paysages).

    On peut, on doit aussi organiser un système mettant en « symétrie » le pollueur-payeur et le protecteur-indemnisé, renforcer la politique de soutien à la production de biocarburants, et fortement impulser les politiques de recherche française et européenne dans le domaine des biomatériaux, des biotechnologies, du génome. »


  • « L'antisémitisme n'appartient pas au passé. »

    </fmt>

    Au lendemain du 11 septembre 2001 et des actes de malveillance qui ont suivi, commis contre des synagogues, François Bayrou disait son inquiétude à "Tribune juive".



    « Quelle que soit la personne attaquée, que ce soit un musulman, un catholique ou un juif, un Français et une communauté intégrée du peuple français méritent la même attention et la même émotion, le même bouleversement, et la même solidarité.


    Il faut toujours se méfier, toujours être vigilant. L'antisémitisme n'appartient pas au passé. Il est prêt à se réveiller, surtout chez les esprits fragiles, surtout dans les moments de tension. C'est comme une malédiction. La vieille dérive antisémite chez les chrétiens a pratiquement disparu ... et au moment où l'on s'apprêtait à respirer, on voit aujourd'hui grandir un nouvel antisémitisme, aux racines gauchistes, tiers-mondistes, qui reprend les mêmes abjections ‘relookées'. Comme si ce n'était jamais fini ! ...


    Le peuple juif a été le bouc émissaire de toute l'horreur et de toute la barbarie du monde. Le sort d'Israël importe non seulement aux Israéliens, ou aux Juifs, mais surtout à l'ensemble de l'humanité ! L'avenir d'Israël, c'est la pierre de touche de notre capacité à refuser la fatalité.


    La sympathie qui m'est manifestée dans la communauté juive me touche beaucoup. Je refuse la démagogie et la complaisance, je n'ai pas deux langages. J'ai mis beaucoup de moi-même à réfléchir à l'histoire du peuple juif, à son destin, à sa mission. Je lis beaucoup la Bible.


    Je suis moi-même un homme religieux, et c'est pour cela que je crois nécessaire de bien délimiter le domaine de la foi et de la pratique - personnelles, familiales ou communautaires - et le domaine des principes républicains qui nous permettent de tous nous retrouver. »



    Lien(s):
    Interview "L'invité de RTL" (après l'assassinat d'Ilan Halimi), 24 février 2006