• Martinique

    « Pour qu'il y ait fraternité, il faut qu'il y ait reconnaissance de l'identité. »


    En Martinique, la liste UDF conduite par Jean-Marcel Maran a obtenu en 2004 38% des suffrages aux élections européennes de 2004. En y revenant en février 2006, François Bayrou a eu de nombreuses occasions d'échanges avec les élus, entrepreneurs, médias, professionnels du tourisme. Occasion de présenter son approche du développement de l'île aux fleurs.


    « J'ai un souvenir très fort de l'entretien, long et chaleureux, que j'ai eu avec Aimé Césaire à Fort-de-France.

    Ce qui est frappant pour moi, c'est la grande attente symbolique de la Martinique, de reconnaissance sur tous les problèmes sensibles de l'esclavage et de l'identité. Pour qu'il y ait fraternité, il faut qu'il y ait reconnaissance de l'identité, de la spécificité et de l'histoire de la Martinique.

    Si la production bananière disparaissait, c'est une part essentielle de l'identité de Antilles qui disparaîtrait aussi ; 15 à 20 000 emplois sont en jeu. J'appelle à une mobilisation sans faille des pouvoirs publics.

    Je vois dans la différence de coût entre la production européenne et la « banane-dollar » un problème de droits de l'homme. Pour résoudre les difficultés des planteurs, je propose d'instaurer une taxe modique sur l'importation des bananes en provenance des pays producteurs non communautaires.

    Je suis convaincu qu'il faut garantir à l'économie martiniquaise à la fois un rééquilibrage par rapport au continent et une stabilité dans le long terme.

    Je propose l'idée d'une zone franche globale pour les Antilles : cette mesure qui a donné des résultats importants en Corse, est une piste intéressante car elle répond aux trois conditions de rééquilibrage, de simplicité et de stabilité dans le temps. Si le rééquilibrage est remis en cause tous les ans, cela n'est pas propice pour l'investissement.

    La prétendue "continuité territoriale" est une discontinuité territoriale : il y a absence complète de liaisons avec des zones entières de la planète. L'État dépense de 180 à 190 millions d'euros par an pour assurer la continuité territoriale avec la Corse contre seulement 40 millions pour l'ensemble de l'Outre-mer !

    Les chiffres du chômage et du RMI sont terrifiants : je défends l'idée de l'activité universelle, pour permettre à tous les bénéficiaires de minima sociaux de trouver une utilité dans notre société.

    En décembre 2003, j'ai refusé le projet de réforme institutionnelle, rejeté à bon droit par les Antillais. En effet, la Guadeloupe et la Martinique auraient cessé d'être des DOM, pour devenir des objets institutionnels non identifiés, avec des risques de pouvoir absolu, de vie politique verrouillée. Quand on commence à dire que les affaires des Antillais n'appartiennent qu'aux Antillais, on n'est pas très loin de dire que les Antillais n'auront plus leur mot à dire sur le destin de la République française. »