• « L'afflux massif de réfugiés haïtiens en Guadeloupe crée une déstabilisation. »

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    En Guadeloupe au printemps 2006, François Bayrou a rencontré médias et responsables, à commencer par le président Victorin Lurel, et exposé ses propositions pour le développement économique et social de l'île. L'impartialité de l'Etat doit y être la règle comme sur tout le territoire de la République.



    « La Guadeloupe est une terre à laquelle je suis attaché. Je n'oublie pas que, ministre de l'Education nationale, j'avais été à l'origine de la création du rectorat de Guadeloupe. Je suis un fervent partisan de l'impartialité de l'Etat. D'accidents de parcours en maladresses, des « dégâts » ont été occasionnés aux relations entre l'État et l'Outre Mer ; on a perdu beaucoup en ne garantissant pas l'impartialité de l'État. Et sans impartialité de l'État, il n'y a pas d'adhésion possible des citoyens.

    L'afflux massif de réfugiés haïtiens en Guadeloupe crée une situation brûlante, une déstabilisation qui est en train de tourner au drame, parce qu'elle fait naître des sentiments de racisme explosifs. Le droit du sol ne peut pas continuer à s'appliquer à Mayotte, comme en Guyane, et dans une moindre mesure en Guadeloupe. Je veux mettre en place un plan de sécurisation des côtes guadeloupéennes, et humaniser les conditions, en particulier sanitaires, du renvoi des clandestins dans leur pays d'origine. Il faut un 'plan Marshall' pour reconstruire les infrastructures d'Haïti, principal pays d'émigration vers la Guadeloupe, et pays le plus pauvre des Amériques.


    Je propose de créer une zone franche globale pour les Antilles françaises. Cette mesure, qui a donné des résultats importants en Corse, répond aux trois conditions de rééquilibrage, de simplicité et de stabilité dans le temps. Si le rééquilibrage est remis en cause tous les ans, cela n'est pas propice pour l'investissement. Je vois dans la différence de coût entre la production européenne et la « banane-dollar » est un problème de droits de l'homme : pour résoudre les difficultés des planteurs, je propose d'instaurer une taxe modique sur l'importation des bananes en provenance des pays producteurs non communautaires.


    Les chiffres du chômage et du RMI sont terrifiants : je défends l'idée de l'activité universelle, pour permettre à tous les bénéficiaires de minima sociaux de trouver une utilité dans notre société.


    La prétendue "continuité territoriale" est une discontinuité territoriale : il y a absence complète de liaisons avec des zones entières de la planète. L'État dépense de 180 à 190 millions d'euros par an pour assurer la continuité territoriale avec la Corse contre seulement 40 millions pour l'ensemble de l'Outre-mer !

    En décembre 2003, j'ai refusé le projet de réforme institutionnelle, rejeté à bon droit par les Antillais.
    En effet, la Guadeloupe et la Martinique auraient cessé d'être des DOM, pour devenir des objets institutionnels non identifiés, avec des risques de pouvoir absolu, de vie politique verrouillée. Quand on commence à dire que les affaires des Antillais n'appartiennent qu'aux Antillais, on n'est pas très loin de dire que les Antillais n'auront plus leur mot à dire sur le destin de la République française. »


  • "La reconnaissance du génocide arménien aurait dû être l'une des conditions fixées à la Turquie." 


    "L'UDF a été le principal artisan de la reconnaissance du génocide arménien. Je l'ai votée, en 2001, avec enthousiasme et certitude.


    Mais j'ai refusé de voter la proposition de loi punissant la négation du génocide. Rendre pénalement répréhensibles toutes les discussions, plus ou moins bien intentionnées, sur ce sujet en France, c'est aller trop loin. Le problème appartient à l'histoire et à l'équilibre politique de l'Europe, pas à la loi pénale.


    La reconnaissance du génocide arménien aurait dû être l'une des conditions fixées à l'entrée de la Turquie dans l'Union européenne. C'était une faute de la part de la France et de tous les autres signataires de la décision de commencer les négociations d'adhésion avec Ankara sans ce préalable."


  • « Augmenter ou garantir les moyens là où c'est nécessaire. Exiger un effort de productivité de l'administration de papier. »

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    Pour François Bayrou, la question de la fonction publique n'est pas une : la santé ou la justice réclament des moyens supplémentaires ; l'éducation a besoin de garantie et d'objectifs ; il y a des fonctions à rationaliser, des missions à clarifier, des moyens à redéployer.



    « Je distingue trois sortes de fonction publique.

    D'abord une fonction publique qui manque de moyens et à laquelle il faut en ajouter, je pense par exemple à la justice, à la santé.


    Il est une fonction publique dont il faut garantir les moyens, et établir avec elle un contrat d'objectifs, je pense à l'Education nationale.


    Enfin, il y a une fonction publique sur laquelle doit porter l'effort national : l'administration de papier, l'administration de contrôle, l'administration de collecte des impôts par exemple. Il ne s'agit pas de supprimer le poste de ceux qui sont en fonction, naturellement, mais on doit exiger de l'administration un effort de productivité de 2% par an pendant six à huit ans - c'est ce que font toutes les entreprises françaises. Il n'est pas normal que nous ayons le système de collecte des impôts le plus lourd de tous les pays développés. Je veux bien payer de l'impôt pour que cela rapporte à la société, mais il me paraît paradoxal de payer de l'impôt au profit de ceux qui collectent l'impôt.


    La question de la fonction publique, c'est aussi celle du pouvoir d'achat des fonctionnaires. Dans le secteur public, les salaires sont bloqués et la perte de pouvoir d'achat des fonctionnaires est une réalité. Demander, comme on le fait à gauche par habitude, d'embaucher encore et toujours plus de fonctionnaires, est contradictoire avec cette aspiration à l'augmentation du pouvoir d'achat.


    Dans le déroulement des carrières, il faut permettre aux fonctionnaires de faire des expériences dans le privé en conservant un droit de retour dans le public.


    La fonction publique, c'est l'Etat. L'Etat doit être présent là où ça va mal, dans les banlieues sensibles et dans les zones rurales abandonnées, au plus près des populations en difficulté. Il faut inverser notre politique et réimplanter l'Etat au cœur de ces territoires, pour y incarner le service public et la sécurité.  »


  • « Priorité aux femmes »

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    Les femmes assument souvent deux vies en même temps : familiale et professionnelle. D'autres se retrouvent complètement seules à "tout porter". Il y a enfin celles qui sont victimes, qui se taisent : François Bayrou s'engage à les aider.


    « Je veux parler de la vie des femmes, et notamment de cette contrainte que représente le fait d'avoir, très souvent, deux vies en même temps. Même si cela va mieux, même si les tâches familiales et professionnelles sont mieux équilibrées, les femmes portent toujours une très grande part de la responsabilité de la famille.

    Je veux en parler avec elles : du travail précaire, des CDD, des temps de travail à 20 heures, des emplois du temps que cela représente, avec leur vie personnelle et leurs charges de famille...

    C'est un très grand enjeu que l'équilibre à trouver autour de la condition de la femme. Salaires inférieurs d'un tiers à ceux des hommes, exigences plus grandes de la part des employeurs, fragilité qu'elles ressentent parce qu'elles se retrouvent souvent seules. Tout ceci est lourd à porter.

    Les femmes sont trop souvent victimes de violences, dans les cités en particulier : il faut qu'elles prennent les choses en main et fassent entendre leurs voix. Quand nous avons appris l'épouvantable drame de cette jeune fille transformée en torche vivante dans un bus incendié par des criminels dans la banlieue de Marseille, je me suis dit qu'un jour viendrait où il y aurait une révolution des femmes dans les quartiers. Et j'aiderai de toutes mes forces cette révolution des femmes pour sortir les banlieues du drame.

    Etre femme aujourd'hui, c'est aussi, parfois, être confrontée à la violence conjugale. La violence conjugale, c'est l'enfer. Pour les femmes, parce que leur foyer devrait être un lieu de paix et de protection, et qu'il devient le lieu de l'humiliation et des coups ; pour les enfants, dont la vie est brisée par ce qu'ils voient et ce qu'ils entendent. Il faut en parler davantage pour que les femmes échappent à la honte injuste qu'elles ressentent. Pour qu'elles parlent.

    Pour lutter contre la violence conjugale, je propose une loi-cadre, qui développerait l'information, y compris par la télévision. Je veux aussi accroître le nombre et la qualité des structures d'accueil des femmes et des enfants. Renforcer la veille sociale. Donner à la justice les moyens de sanctionner le coupable et de l'éloigner du domicile. »


  • « La famille est une communauté magnifique. Tout le monde se tourne vers elle. Avec espoir ou avec nostalgie. »

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    François Bayrou est un fervent défenseur, un "amoureux" de la famille, lieu des valeurs fondatrices. Il défend les familles dans leur diversité, dans la réalité de leur vie quotidienne. Entre tous les types de familles il prône, plus que la tolérance, la compréhension réciproque.



    « Je suis un défenseur actif de la famille ; je défends et j'aime les familles nombreuses. Quand on a six enfants, on sait de quoi on parle. La famille, c'est une communauté magnifique, vers laquelle tout le monde se tourne. Et les jeunes, peut-être plus encore que les générations précédentes.

    Pour moi, un mariage, c'est l'union d'un homme et d'une femme. Je défends cette vision que certains disent traditionnelle, mais que je trouve être une vision d'avenir. L'altérité sexuelle est source de vie et d'équilibre.


    Je prends en compte la vie des gens comme elle est. Ce n'est en rien porter atteinte aux familles que regarder la situation de ceux qui ont une expérience différente. On ne choisit pas d'être homosexuel. Lorsque des couples homosexuels, y compris pacsés, disent leur angoisse de ne pouvoir rien transmettre au survivant en cas de décès, je pense qu'il faut les entendre.


    La liberté de choix des parents doit être réellement respectée, et singulièrement celle des femmes, devant le travail et l'accueil des enfants. On devrait songer à accorder à l'éducation dans la famille l'aide allouée à la garde à domicile. Un sujet est pour moi prioritaire : parce qu'une femme enceinte est parfois mal perçue dans l'entreprise, il faut une politique d'aide et de soutien à l'entreprise lui permettant d'accueillir la grossesse comme une bonne nouvelle, avec notamment des aides au remplacement et à la formation.


    L'avenir d'un enfant se joue dans sa famille dès les premières années. Lorsque la famille est absente ou totalement démunie devant son éducation, les choses deviennent vite irrattrapables. Le risque est d'autant plus grand quand la famille est en décalage culturel avec le pays où elle vit, parce que très vite c'est la rue qui se charge de faire "l'éducation" de l'enfant.


    Ministre de l'Education nationale, j'ai demandé une enquête pour savoir pourquoi tant d'enfants issus de familles culturellement favorisées échouaient, et tant d'enfants de familles en situation difficile réussissaient très bien. La réponse de l'enquête vaut pour l'ensemble de la nation : réussissaient les enfants dans les familles desquels l'école était estimée, respectée et soutenue ; et échouaient les enfants dans les familles desquels l'école était critiquée et méprisée !


    Il faut une politique de soutien et d'éducation des familles pour que les pères et les mères comprennent que ce qu'a d'essentiel, d'irremplaçable, leur attitude dans la famille : pour donner à l'enfant les repères qui lui serviront toute sa vie. »