• Justice

    « La justice est fragilisée et déstabilisée. Elle appelle une refondation, à partir de principes simples : indépendance et transparence. »

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    La justice a pour fonction de donner à la société force et lien. Elle ne peut être soumise à l'exécutif, la confiance du citoyen en dépend. Pour François Bayrou - s'exprimant en mars 2006 en clôture d'un colloque sur le sujet - la justice doit être un pouvoir, et, en République, les pouvoirs sont séparés.


    «  La confusion entre Etat, justice, gouvernement, majorité ne peut pas durer. Il faut que l'État trouve sa justice, lui aussi. Le Conseil d'État, qui n'est pas composé de magistrats, ne saurait être juge et partie, associer les fonctions de juge et de conseil du gouvernement. C'est un grand sujet pour le sommet de l'État en France - cela va de pair avec la volonté d'indépendance de la société française.


    Je veux un Garde des Sceaux indépendant du gouvernement (c'était une proposition de Raymond Barre en 1988). Il sera investi, sur proposition du président de la République, par le Parlement, à la majorité des trois quarts par exemple, de manière qu'il échappe aux préférences partisanes. Il devra animer un débat annuel de politique pénale devant le Parlement.


    Deux questions d'indépendance se posent à l'intérieur du corps judiciaire. D'abord, la gestion des carrières : le Conseil de la Magistrature doit avoir une composition équilibrée de magistrats et non-magistrats, et ses membres être investis par le Parlement à une majorité qualifiée. Ensuite,l'indépendance du parquet, sous l'angle des nominations ; les procureurs généraux doivent être nommés par le Garde des Sceaux indépendant, après avis conforme du Conseil Supérieur de la Magistrature.


    Je soutiens l'idée d' un juge de l'instruction, qui soit rétabli - c'est une garantie pour le citoyen - dans un rôle d' arbitre, sollicité par l'accusation ou la défense. Deux garanties instaurées pour l'enquête seront en même temps des garanties pour le citoyen : la collégialité, avec la création de pôles d'instruction, et la transparence : audiences publiques à intervalles réguliers, enregistrements audio ou vidéo des auditions et gardes à vue.


    Pour assurer l'indépendance du parquet, les fonctions de juge et de procureur doivent être clairement séparées. Les représentants du parquet doivent demeurer des magistrats.


    Pour les avocats, je veux défendre l'idée d' un internat*, comme moyen d'une égalité des chances en matière judiciaire, pour ceux qui relèvent de l'aide juridictionnelle. Pour répondre à l'inquiétude, parmi les avocats, sur les moyens matériels d'exercer leur mission, un système d'assurance serait généralisé.


    Quant aux prisons, je propose deux axes : la réhumanisation des lieux d'emprisonnement et la recherche de toutes les alternatives à la détention et à l'emprisonnement, notamment pour les jeunes.


    Je ne résume pas les problèmes de la justice à une question de moyens, mais la question est essentielle. Je propose de doubler le budget de la Justice en 10 ans, par des lois de programmation multi-partisanes. »


    * internat : par analogie avec les internes en médecine. Des jeunes avocats seraient payés pour ce travail, par exemple à plein temps comme les magistrats et avec une rémunération similaire.