• François Bayrou : La France est une résistance

    François Bayrou considère que notre modèle républicain est une force dans la mondialisation. Nous avons besoin de rester solidaires. Ainsi, il veut mettre la devise de la nation – liberté, égalité, fraternité – ces "trois vertus de résistance" au service d'un projet de société qui défendra la loi du plus et pas la loi du plus fort.

    Avec 24% des intentions de vote, François Bayrou y voit « un signe » : « Les Français cherchaient effectivement à changer en profondeur le jeu politique ». Selon lui, cela fait longtemps qu'ils essaient de le faire : 1997, dissolution ratée ; 2002, Le Pen arrive au second tour ; 2005, échec du référendum européen. Mais on ne les a jamais écoutés. Et jusqu'ici, ils n'avaient pas d'autre recours que de voter pour les extrêmes et donc de renforcer le système en place. François Bayrou s'est présenté comme un rassembleur et la seule alternance républicaine. Le candidat à l'élection présidentielle est en effet convaincu que « dans les moments de crise, il est impératif de se rassembler ». Cela a été le cas à la Libération et en 1958. François Bayrou estime que cela va suffisamment mal en France, il y a suffisamment de problèmes non réglés pour arrêter d'opposer les gens entre eux et au contraire les faire travailler ensemble pour redresser le pays. « On va pouvoir se déterminer sur de idées et pas sur les étiquettes » a précisé le candidat. Ainsi, il a réaffirmé son intention de rassembler des personnalité de droite et de gauche dans un gouvernement. Mais il veut renouveler la classe politique en allant chercher des visages nouveaux qui sont compétents, qui connaissent la réalité et qui ont une vraie expérience mais qui ne peuvent actuellement émerger à cause du verrouillage des sortants. Il a au passage raillé le retour des éléphants du PS et des mammouths de l'UMP faisant remarquer que l'on voyait les mêmes visages depuis vingt-cinq ans.

    Imposer la loi du plus juste

    François Bayrou s'est lui-même présenté comme « un homme d'expérience qui porte le renouvellement ». « Je ne veux pas reformer l'ancien système » a prévenu le candidat à l'élection présidentielle. Aux législatives, il y aura un candidat dans chaque circonscription qui portera cette approche au sein d'un parti démocrate. Il estime en effet qu'à côté des conservateurs et des socialistes, « on a besoin d'une force de stabilité, d'une force d'efficacité et d'une force de générosité ». François Bayrou est convaincu que notre modèle républicain est une force dans la mondialisation : il faut, selon lui, rester un pays solidaire en donnant la priorité à l'éducation car la formation est capitale dans un monde ouvert à la concurrence. « La France est une résistance » a lancé François Bayrou parce que « la liberté n'est pas naturelle, ce qui est naturel, c'est la servitude, les gros qui écrasent les petits ; l'égalité n'est pas naturelle, ce qui est naturel, c'est les inégalités ; la fraternité n'est pas naturelle, ce qui est naturel, c'est le chacun pour soi et les égoïsmes ». Le candidat veut mettre ensemble ses trois vertus de résistance : cela dit, nous Français, nous avons un projet de société que nous voulons construire et pas subir » où règnera la loi du plus juste et non la loi du plus fort. Il s'agira de mettre en place un plan coordonné et non d'empiler les mesures pour chaque catégorie.


    Revoir la gouvernance d'Airbus

    François Bayrou a été interrogé sur le plan de restructuration d'Airbus. Elu des Pyrénées-Atlantiques, il a rencontré, en début de semaine, les syndicats de l'entreprise pour parler d'une question qui touche directement sa circonscription puisqu'elle compte beaucoup de sous-traitants dans le secteur de l'aéronautique. François Bayrou a fait remarquer que cette crise intervient alors que l'entreprise sort deux avions par jour ouvré, qu'elle a un carnet de commandes plein pour les cinq ans à venir : cela représente 2500 avions. « C'est un magnifique succès industriel qu'il ne faut pas casser » a déclaré François Bayrou. Mais il a estimé que le mélange de la politique et de l'industrie avait abouti à « un drame » dont les salariés paient aujourd'hui l'addition. Il a ainsi déploré la guerre interne à laquelle se sont livrés les dirigeants d'Airbus sur fond de mainmise politique. Selon lui, ils ne se sont pas assez occupés des enjeux industriels de l'entreprise. C'est donc la délégation de gestion qui est mise en cause et qu'il faut, selon lui, remettre à plat. En effet, François Bayrou a expliqué que le gouvernement Jospin avait décidé de confier la gestion de l'entreprise aux actionnaires privés, Lagardère et Daimler alors qu'ils ne détenaient à l'époque que 15% chacun du capital et qu'ils souhaitaient s'en séparer. L'Etat via la Caisse des dépôts et consignations a racheté la moitié des actions de Lagardère pour un montant de 600 millions d'euros mais le cours a chuté du jour au lendemain. C'est exactement la somme dont Airbus aurait besoin pour investir.... Enfin, François Bayrou ne croit pas que les régions aient la capacité financière d'intervenir comme le propose Ségolène Royal.


    Rémunérer les agriculteurs au juste prix

    François Bayrou était également cette semaine au Salon de l'Agriculture. Il a estimé que la profession est inquiète pour son avenir et qu'il faut un président de la République qui comprenne en profondeur les attentes du monde agricole. Fils d'agriculteur, exploitant lui-même, François Bayrou considère que c'est le secteur qui a le plus souffert ces dernières années : il s'est vu imposer les changements les plus importants et a vu dans le même temps ses revenus baisser. Les aides européennes de la PAC (Politique agricole commune) finissent par représenter jusqu'à 90% de leurs ressources. « C'est ce que les sociétés et les politiques ont choisi » pour faire effondrer les cours, a fait remarquer François Bayrou. Pour lui, cette situation n'est pas normale : les revenus des agriculteurs devraient provenir des prix des produits. Il a également fait remarquer que le consommateur n'est pas gagnant puisque si ce dernier ne paie pas le vrai prix pour son alimentation, il le paie par ses impôts. De plus, le candidat à l'élection présidentielle a déploré que l'Europe inonde l'Afrique de ses céréales à prix bradés qui tue l'agriculture africaine et empêche le continent de se nourrir lui-même et de se développer.


    Le refus des manœuvres et des manipulations

    Interrogé sur la course aux parrainages des « petits candidat », François Bayrou a expliqué qu'il était pour le pluralisme et contre les manœuvres : qui a intérêt à donner à qui ou à faire semblant de donner... Cette attitude ne ressemble pas à la transparence qu'il appelle de ses vœux. S'il a admis que parrainer un candidat à l'élection présidentielle, ce n'est pas soutenir, il a estimé qu'on ne peut pas signer pour quelqu'un dont on ne partage pas du tout les idées : « signer, c'est reconnaître ». 

    François Bayrou a dit en riant que le report de la publication des chiffres du chômage 2006 de l'Insee à l'automne, était « un pur hasard » : « je n'ai aucun doute là-dessus. En France, on a l'impression que lorsqu'on cache le thermomètre, on ne va pas voir la température. Les Français voient la température... »

    François Bayrou est opposé à l'instauration d'un ministère commun de l'immigration et de l'identité nationale comme le propose Nicolas Sarkozy : « avec notre Histoire, on ne va pas mélanger l'immigration et l'identité nationale » a jugé le candidat à l'élection présidentielle. Cela ne correspond pas aux règles d'or de la République. Selon lui, Simone Veil qui préside le comité de soutien de Nicolas Sarkozy, avec l'Histoire qui est la sienne, ne peut pas accepter ça, aucun citoyen républicain ne peut l'accepter.


    Un nouveau Traité constitutionnel européen

    François Bayrou a une nouvelle fois expliqué que la décision de sortir de la crise européenne ne peut venir que du peuple français : ainsi, il propose qu'un nouveau traité constitutionnel plus clair, plus lisible, plus simple soit soumis à référendum. Il faut, selon lui, que ce texte garantisse que le peuple pourra choisir son avenir : « Les Français veulent une Europe qui soit l'affaire des citoyens et pas seulement des technocrates et des initiés ». François Bayrou est convaincu que si les Français ont dit « non » le 29 mai 2005 c'est parce qu'ils jugeaient le texte illisible : ils ont eu l'impression qu'il y avait un piège, et en particulier qu'on voulait leur imposer un modèle de société qui n'est pas le leur. Le candidat à l'élection présidentielle estime que l'Europe doit rester un grand sujet national car « c'est le chemin pour que la voix de la France soit entendue sur la planète ».


    Travailler plus pour gagner plus


    François Bayrou s'est opposé à une augmentation du Smic : il a expliqué que toute hausse entraînerait une baisse des emplois comme le montrent toutes les études réalisées sur le sujet. En revanche, il est favorable à une hausse des salaires en incitant les entreprises à partager leurs bénéfices avec leurs salariés à la fin de l'année. Actuellement, la participation ne permet pas de disposer de cet argent avant cinq ans. Il propose également d'augmenter le bonus sur les heures supplémentaires pour le porter à 35% (contre 10 à 25% aujourd'hui) avec dans le même temps, une baisse à due concurrence des charges sociales pour que cela ne coûte pas plus cher à l'entreprise.

    S'agissant de la création d'entreprise, François Bayrou propose de créer une caution mutuelle afin que les chefs d'entreprise puissent obtenir plus facilement un prêt auprès de leur banque. Il propose également de permettre à toute entreprise de pouvoir créer deux emplois sans charges pendant cinq ans (sauf 10% pour les retraites).


    Non à la discrimination positive

    Interrogé par un téléspectateur sur le nombre insuffisant de mosquées, François Bayrou a estimé que « toute religion doit pouvoir se pratiquer au grand jour dans des lieux de culte dignes ». « Il faut arrêter de faire de la communauté musulmane des ennemis qu'on chuchote » a déclaré le candidat qui n'aime pas non plus que l'on répande en permanence des stéréotypes. François Bayrou se définit lui-même comme un chrétien de foi et un laïc : ainsi, il n'est pas favorable à ce que l'on modifie la loi de 1905 sur la séparation des Eglises et de l'Etat. Cependant, il juge normal qu'on adapte l'action des collectivités afin qu'elles puissent proposer des baux de longue durée à la communauté musulmane et que celle-ci ait un local qui serve de lieu de prière.

    Enfin, François Bayrou a réitéré son opposition au système de la discrimination positive. Il préfère passer par une loi contre la discrimination, une action pratique en direction des entreprises pour lutter contre les discriminations à l'embauche. Il s'agit de faire en sorte que les entreprises prennent conscience de leur obligation à équilibrer leur personnel. François Bayrou a cité l'exemple d'une association du Nord de la France qui propose aux entreprises de leur trouver des personnes compétentes qui sont issues des quartiers. C'est ainsi qu'elle parvient à intégrer des jeunes des quartiers dans le monde du travail.

    France 3

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