• Marielle de Sarnez explique dans une interview au Télégramme que le score de François Bayrou à la présidentielle prouve qu'un "vrai parti du centre" est en train d'émerger.

    Avec 18, 5 % des suffrages, François Bayrou réalise une performance non négligeable. Mais il n'est pas qualifié pour le second tour. Etes-vous déçue ?
    C'est un résultat formidable et vraiment encourageant. Aucun candidat du centre n'avait atteint ce score de près de 19 % sous la Cinquième République. Cela prouve qu'un nouveau paysage politique est en train de se dessiner en France. À côté d'une formation de gauche dogmatique et de droite conservatrice, on a constaté, le 22 avril, l'émergence d'un vrai parti du centre.

    Hier, au cours de sa conférence de presse, François Bayrou a refusé de se prononcer. Il ne choisit pas entre les deux candidats restant en lice. Cette attitude est-elle responsable ?
    François Bayrou a dit qu'il ne donnerait pas de consigne de vote. Il a trop d'estime et de considération pour les Français pour ne pas penser que nos concitoyens, qui ont montré, au premier tour, leur attachement à la démocratie en participant massivement au vote, sont libres de leur choix. Les Français sont évidemment capables de former leur propre avis ! C'est d'ailleurs tout l'esprit de la relation que François Bayrou a créée avec eux au cours de cette campagne électorale.

    Hier, François Bayrou a accepté la proposition de Ségolène Royal de dialoguer publiquement avec elle. Qu'attendez-vous de ce débat ?
    Il aurait été préférable que ce débat ait eu lieu avant le premier tour. Mais je pense qu'il ne sera pas inutile. Il permettra la confrontation des idées de l'une et de l'autre. François Bayrou a dit qu'il considérait que Ségolène Royal était mieux intentionnée que son concurrent du second tour en ce qui concerne la démocratie. Mais, il a marqué en même temps son scepticisme à propos des remèdes que Madame Royal préconise en matière économique. Quand elle affirme que la seule solution aux maux de la France, c'est de multiplier les interventions de l'Etat, elle est évidemment à côté de la plaque. Ce n'est certainement pas comme cela que l'on relancera la croissance.
    Je pense que le débat entre François Bayrou et Ségolène Royal permettra de porter un éclairage nouveau sur toutes les questions qui auraient dû être au cœur de la campagne du premier tour. Je pense tout particulièrement au dossier européen, à celui des réponses que nous devrons apporter à la question du réchauffement climatique, et à la manière de favoriser la croissance et donc l'emploi dans notre pays.

    François Bayrou a annoncé la création d'une nouvelle formation politique, le Parti démocrate. Ce parti n'a-t-il pas plus de chance de prospérer en cas de victoire de Nicolas Sarkozy ? L'élection de Ségolène Royal, qui ressouderait le PS, ne réduirait-elle pas l'espace de cette nouvelle formation ?

    Quoi qu'il arrive, cette nouvelle formation sera la seule capable de rénover le paysage politique. L'UMP, ce sont toujours les mêmes. Un syndicat des sortants. Les mêmes qui ont gouverné depuis cinq ans, avec les résultats que nous connaissons. Quant au Parti socialiste, il a le choix entre évoluer enfin ou alors rester figé et au bout du chemin perdre sa crédibilité.

    En quoi, un nouveau Parti démocrate pourrait-il changer la donne politique en France ?
    Je pense que nous avons besoin d'une force politique nouvelle capable de dire oui quand il le faut, et de dire non quand c'est nécessaire. La France a besoin d'un parti ouvert, intelligent, capable d'approuver les réformes quand elles vont dans le bon sens. Et seulement en fonction de l'intérêt général et non pas en fonction d'intérêts partisans ou politiciens.

    Un certain nombre d'élus UDF appellent à voter pour Nicolas Sarkozy. Ces ralliements vous inquiètent-ils ?

    Il ne s'agit pas de ralliements. À partir du moment où François Bayrou laisse à chacun la liberté de vote, il n'y a rien de choquant dans la démarche des élus UDF qui appellent à voter en faveur de Nicolas Sarkozy pour ce second tour. Puisqu'il y a liberté de vote, chacun a la liberté de voter pour l'une ou l'autre des candidats restés en présence pour ce second tour, ou, aussi, de voter blanc. C'est affaire de conscience. Mais quel que soit le choix des uns et des autres, on ne peut pas parler de ralliement.
    Tous ces élus formeront demain le nouveau Parti démocrate dont François Bayrou a posé hier les fondations. Notre candidat a obtenu presque 19 % des voix au premier tour de la présidentielle. C'est pourquoi je suis extrêmement confiante pour les élections législatives à venir. Non seulement nos députés sortants seront réélus, mais je suis convaincue que nous ferons élire de nouveaux parlementaires.
    Le grand Parti démocrate que nous fondons aujourd'hui a vocation à obtenir demain une représentation importante dans la prochaine Assemblée nationale. C'est nécessaire pour l'équilibre politique de notre pays. Il est évidemment légitime qu'une formation politique dont le candidat a recueilli 7 millions de voix au premier tour de l'élection présidentielle ait davantage de représentants au Parlement qu'il n'en avait jusqu'ici.

    Si vous présentez, comme François Bayrou l'a dit, 577 candidats aux législatives de juin prochain, ne craignez-vous pas des représailles de la part de l'UMP ?
    Il y a désormais trois grandes forces politiques en France. Il est absolument légitime que chacune d'elles présente des candidats lors des échéances électorales importantes. Cela commence par les élections législatives de juin prochain, où le Parti démocrate présentera 577 candidats pour renouveler la vie politique et représenter tous ces Français qui n'ont jamais droit à la parole. Et je n'oublie pas les élections municipales qui se dérouleront quelques mois plus tard.

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  • Devant plus de dix-sept mille (17.000) personnes massées dans la salle parisienne du Palais Omnisports de Bercy, François Bayrou a délivré un discours de rassemblement. Il souhaite "écarter" les deux partis au pouvoir depuis vingt-cinq ans pour installer une majorité nouvelle qui lui donnera les moyens de gouverner autrement la France. Les dix-sept mille personnes enthousiastes ont répondu comme jamais à son appel. Appel qu'il lance à tous les Français pour se mobiliser dans les dernières heures de la ligne droite qui le mènera vers le saut de l'obstacle du premier tour pour l'emporter au deuxième tour, "quel que soit son adversaire !"

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  • Bayrou dans l'Urne (Source "Ma Vie en Narcisse") 

    Dimanche prochain, je déposerai, dans l'urne électorale du bureau de vote de l'école Pierre Budin, un bulletin en faveur de François Bayrou. Et pourtant je suis militant au Parti Socialiste depuis 6 ans. Explications de vote.


    Je pense que Ségolène Royal ne porte pas un véritable projet pour notre pays, multipliant les déclarations floues voire contradictoires, démontrant l'amateurisme de sa campagne, et le peu de cohérence de son programme. Se démarquant du projet socialiste, elle préfère les petites idées de conseillers sortis de nulle part. Les nouvelles idées proposées étant aussitôt ajustées, voire démenties par ses porte-parole. Nombreuses sont inspirées du programme « 3ème voix » cher à Tony Blair, ou de la République des Idées, club de réflexion prônant le libéralisme mou, quand elles ne viennent pas (« l'ordre juste » par exemple) d'influences catholiques. Le tout sans aucune rigueur financière, méprisant les conseillers sérieux du Parti Socialiste.

    La candidature Royal semble plus être l'aboutissement d'une soif de pouvoir personnel, qu'une volonté de servir la France. Et peu importe les moyens utilisés, que ce soit la marchandisation de son image dans la presse ou l'anti-machisme exacerbé de sa candidature. Sa méconnaissance des dossiers internationaux – le double discours porté au Moyen-Orient ou le déni de la culture chinoise le prouvent - laisse présager du pire en cas d'accession à la Présidence. Comment faire confiance à une candidate ne semant qu'agacements, divisions et rejets ?<o:p>

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    Voter pour un « petit » candidat à la gauche du Parti Socialiste ne correspond à ma vision du suffrage universel présidentiel. Je peux me retrouver dans nombreuses idées de Dominique Voynet, Marie-George Buffet, José Bové ou Olivier Besancenot, mais personnellement je ne me vois pas apporter mon soutien à une personne que je n'imagine pas Président de la République. Cette élection n'est pas pour moi celle où l'on fait le compte de ses partisans. Je veux donner ma voix à celui que je pense le plus à même de diriger la France.

    J'ai donc choisi François Bayrou, par défaut certes. Mais j'ai l'espoir de penser que sa volonté de rassemblement pourrait être très large, et que sa collaboration ne se limitera pas aux seuls démocrates sociaux tendance Kouchner ou Rocard. Mais également à toutes celles et ceux qui peuvent apporter du renouveau et une soif de progression sociale. Son discours prône la capitalisation de toutes les forces volontaires. Son projet pour l'avenir de la France, bien que modeste et rigoureux, n'est ni utopiste ni diviseur. Face au candidat UMP surfant sur le programme du Front National, François Bayrou est le « vote utile » à la gauche de Nicolas Sarkozy.

    Il ne s'agit pas simplement de gagner le premier tour pour laver l'affront du 21 avril 2002, comme le prône les partisans de Ségolène Royal. Il s'agit surtout de gagner le second tour pour éliminer le leader de la droite ultra-libérale et atlantiste. Au terme d'une campagne où Ségolène Royal a pu largement démontré ses limites, je ne pense pas que la candidate socialiste ait les moyens de battre Nicolas Sarkozy le 6 mai. Et j'ose à peine imaginer le débat de l'entre deux tour qui pourrait s'avérer décisif...

    A l'inverse, François Bayrou a démontré ses qualités de champion durant cette campagne. N'oublions jamais que Nicolas Sarkozy est lui aussi un champion, sans doute le plus redoutable.

    Ce serait dommage qu'il soit le meilleur.



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  • par Jean-Henri Roger et Pascal Thomas

    L'élection présidentielle cultive un paradoxe, qui ne clarifie pas le débat démocratique. D'une part, nous sommes censés voter au premier tour pour un candidat qui correspond à nos idées, de l'autre nous savons tous que l'accès au second tour - donc à l'exercice du pouvoir - est le seul véritable enjeu de cette élection. Cette logique de l'élection présidentielle au suffrage universel pousse à la bipolarisation, au bipartisme. A nous de savoir si nous sommes prêts à accepter ce que l'on voudrait nous faire passer pour un état de fait.

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    L'autre enjeu a un côté référendaire, pour ou contre l'arrivée au pouvoir de Sarkozy. Sur cette question, ce qui doit déterminer notre vote est la capacité des candidats à rassembler au second tour.

    Le bipartisme "à la française" a pour but de garantir une alternance entre l'UMP et le PS, évacuant la nécessité des alliances. Depuis vingt ans, l'exercice du pouvoir est verrouillé. Cette situation ne peut qu'affaiblir la démocratie, détourner les citoyens de la vie politique, ou les pousser dans des votes de pur refus du système. Pour lutter efficacement contre cette logique, il faut une recomposition des forces politiques.

    Pour lutter contre cette mainmise sur la représentation démocratique, les propositions de François Bayrou offrent la possibilité d'une démocratie sortant de la logique du bipartisme. Deux mesures essentielles : l'établissement d'un système où 50 % des sièges à l'Assemblée nationale seront désignés à la proportionnelle ; la nomination des membres des organismes de contrôle et de régulation (du Conseil constitutionnel au CSA) par la représentation nationale à la majorité des deux tiers. Deux raisons de voter et un espoir. Espoir de changer le rapport des partis politiques à la société.

    Nos combats de ces dernières années, souvent menés avec des militants plus proches des Verts, du PCF, des altermondialistes, voire de la LCR, que de l'UDF, ne nous empêchent pas de voter Bayrou. Sommes-nous touchés par la grâce démocrate-chrétienne ? Les joies du centre nous semblent-elles beaucoup plus réelles que la fierté d'être minoritaires ? Evidemment pas. Nous savons que la société avance et résiste grâce aux mouvements sociaux, mais nous ne sommes pas dans un déni du rôle des partis politiques, et nous savons qu'à un moment, sans relais politique, ces luttes ne peuvent aboutir. Et la confiscation de la représentation politique par les deux partis dominants rend difficile, voire impossible, ce relais.

    Pour que l'échange entre la société civile, les mouvements sociaux et les partis politiques fonctionne, il faut une recomposition des forces politiques en France. Certes, nous n'élirons pas un nouveau peuple, mais il faut se donner les moyens pour que la vie politique puisse refléter les préoccupations et les luttes de la société. Si Bayrou est au second tour, la recomposition politique prendra un coup d'accélérateur.

    Tandis que Sarkozy prépare un grand parti de droite débarrassé de l'héritage gaulliste, récupérant dans son giron une partie du Front national ; un centre, humaniste et républicain, qui ira politiquement de Borloo à Strauss-Kahn (il ne s'agit pas forcément des hommes), est nécessaire. Un centre qui alliera la tradition radicale, démocrate-chrétienne et sociale-démocrate.

    Et, enfin, il y aura l'espace politique pour une gauche qui, à l'exemple du rôle que jouent les verts en Allemagne ou la refondation communiste en Italie, pourra, sur des enjeux programmatiques, participer au gouvernement et sera un lien possible entre les mouvements sociaux et la réalité du pouvoir.

    Il s'agit d'un espoir raisonné, d'une possibilité qu'il faut saisir. Courage, votons Bayrou pour un jour pouvoir voter à gauche et que cela ait un sens.

    Bayrou, ou comment sortir de la logique du bipartisme

     


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